Aenergy, une société qui a un différend juridique avec l’État angolais, prétend avoir des preuves que les turbines qui ont été arrêtées par l’entreprise et devraient être sous la garde de l’IGAPE, un institut qui gère les enjeux de l’État, ont été confisquées par l’exécutif.
Dans une lettre adressée au tribunal fédéral de New York, Aenergy, qui a fait l’objet d’une résiliation de contrat par le gouvernement angolais, après avoir été arrêtée par plusieurs de ses équipements, dont quatre turbines, affirme avoir la preuve que la société de production publique d’électricité (Prodel) a pris possession de ces actifs et qu’ils sont transférés à une centrale électrique de Lubango (province de Huíla).
Le tribunal du sud de New York a tenu le 30 octobre la première audience préliminaire dans l’affaire Aenergy contre l’Angola et General Electric, par téléphone, avec la défense du gouvernement angolais, dans la voix de l’avocat Michael Ehrenstein, affirmant que New York n’avait pas avait compétence sur les plaintes déposées par Aenergy et qu’un processus similaire est en cours en Angola, devant la Cour suprême.
Dans une lettre datée du 30 novembre, adressée au juge John Cronan, à laquelle Lusa avait accès, les partisans d’Aenergy affirment que Prodel “a pris possession” de l’équipement et que le tribunal est compétent pour trancher le litige.
«Les turbines sont actuellement en la possession de Prodel – et non de l’IGAPE [State Asset and Participation Management Institute] et n’ont pas été prises pour préserver les preuves», affirment les avocats d’Aenergy, faisant référence dans la lettre que l’entreprise «a entendu des rumeurs «Que l’équipement était transféré du siège de Prodel à Luanda à une centrale électrique dans le sud de l’Angola.
Les rumeurs ont été confirmées par un représentant légal d’Aenergy, qui a vérifié la présence de l’équipement au siège de Prodel à Luanda, ainsi que par des images satellites disponibles via Google Earth.
Le représentant d’Aenergy s’est également rendu à Lubango, après avoir découvert à l’usine d’Arimba, exploitée par Prodel, des composants des turbines qui manquaient au siège électrique.
«Cette preuve confirme que, contrairement aux allégations de l’Angola devant ce tribunal, les turbines retirées d’Aenergy étaient en possession et sous le contrôle physique de Prodel, et non de l’IGAPE, que l’IGAPE n’est pas une entité distincte et que les turbines n’ont pas été physiquement prises pour conserver les preuves », lit-on dans la lettre, signée par l’avocat Vincent Levy.
L’affaire qui a atteint la barre des tribunaux américains concerne 13 contrats signés entre Aenergy et le ministère de l’Énergie et de l’Eau (Minea), en 2017, pour la construction, l’extension, la requalification, l’exploitation et la maintenance de centrales électriques en Angola.
Il s’agit d’un procès en responsabilité civile intenté par Aenergy, par l’homme d’affaires portugais Ricardo Leitão Machado, et sa filiale Combined Cycle Power Plant Soyo SA, contre Minea, le ministère des Finances, la société publique de production d’électricité (Ende) et la Société nationale de distribution d’électricité (Prodel), qualifiée de «défendeurs de l’Angola» et également contre trois sociétés de General Electric (GE), l’ancien partenaire commercial de l’accusateur.
Dans l’acte d’accusation initial d’Aenergy devant la Cour fédérale de New York, déposé le 7 mai, les << accusés en Angola >> sont accusés de huit crimes, dont deux de résiliation de contrat, un d’enrichissement illicite, deux de violation du droit international. (actifs physiques et incorporels) et un pour expropriation illégale.
Lors de la première audience, les avocats de la défense angolaise, Michael Ehrenstein, et GE, Orin Snyder, ont tenté de démontrer que le tribunal de New York n’était pas compétent pour connaître de l’affaire, qui doit être jugée en Angola.
Aenergy demande une indemnité pécuniaire d’au moins 550 millions de dollars (plus de 471 millions d’euros) et une indemnité.
Le juge John Cronan a rapidement promis une décision sur la requête présentée par la défense de l’Angola et GE pour annuler l’affaire, faute de compétence.
Cependant, l’avocat d’Aenergy, Vincent Levy, fait valoir dans la lettre adressée au juge que la compétence est adéquate, quels que soient les faits nouvellement découverts, mais a jugé «opportun» de porter ces preuves à l’attention du tribunal, après la confirmation des rumeurs et avant du délai accordé à l’Angola pour répondre.
En décembre 2019, quatre turbines, pièces et consommables de la société ont été arrêtés à Aenergy, dans le cadre d’une mesure de précaution intentée par le service national de recouvrement des avoirs du bureau du procureur général pour «preuve de rupture de contrat».
Les contrats approuvés, entre juillet et août 2017, étaient destinés à l’installation de nouvelles usines de production, à l’assistance technique et à la maintenance des centres de production d’électricité avec des équipements de marque GE, ainsi qu’à la construction de petits réseaux d’adduction d’eau.
Lors de l’exécution des contrats, des irrégularités ont été vérifiées par AEnergy SA, à savoir l’acquisition de quatre turbines dans le cadre du financement GE Capital Limitada, “sans que la même chose soit prévue dans les contrats conclus avec le secteur”, fait valoir le gouvernement angolais.